
Si ça vous chante
Musique vocale dans l’intimité de la Chapelle Saint-André.
L’Éternité : une création de Thierry Machuel
commande de l’ensemble PTYX
Cette oeuvre bénéficie du soutien de l’Etat dans le cadre de l’aide à l’écriture d’une musique originale.
« Nous valons plus que ce que nous donnons à percevoir, plus que ce que l’on connaît de nous ». Ces mots profondément bienveillants d’un de mes plus vieux amis, semblent avoir pris un surcroît de sens depuis le début de la pandémie.
Mon projet musical, à l’origine, portait sur la notion de territoire, sur la façon dont certains animaux parviennent malgré leur instinct d’appropriation, à vivre ensemble dans un même espace, comme le démontre la philosophe Vinciane Despret dans son livre « Habiter en oiseau ». Ce sujet a lui aussi pris un surcroît de sens dans la nécessité actuelle de rester chez soi, à plusieurs comme d’habitude certes, mais avec très peu de possibilités d’aller au dehors afin de jouir d’un plus grand domaine. Je n’ai pas vraiment changé mon sujet de recherche, disons que la pandémie s’y est invitée.
En clair : l’espace partagé d’un côté, que je traite avec la clarinette, associée à un dispositif électroacoustique fait de 7 hauts-parleurs disposés aux sommets d’une étoile à six branches, les deux triangles, inversés, marquant deux niveaux de distance par rapport au public, l’un légèrement au-delà de la salle et l’autre beaucoup plus loin, avec l’ajout d’un haut- parleur grave non localisable, ce type de diffusion sonore étant alimenté par des éléments pré-enregistrés à la clarinette, tournant et passant du direct au premier cercle d’éloignement, puis au second etc.
Et ensuite, le passage de la mort : j’ai écrit un long texte en y mettant les mots d’un court poème de Catherine Pozzi, à distance les uns des autres tels de petits cailloux blancs ; on entendra d’abord ce long texte, chanté par la chanteuse présente devant nous, puis celle-ci s’en ira, et en son absence, l’ordinateur retrouvera dans son chant les éléments nécessaires à la reconstitution du poème afin de faire entendre le dernier chant de la soprano, comme une image sonore qui résumerait à elle seule toute la trajectoire qui précède, une épure de sa vie.
Ainsi, la clarinette explore l’espace tandis que la chanteuse vit, meurt puis revit, dans une mise en abyme du poème où les territoires se recoupent, interrogation de l’univers comme origine et finalité de tout, et image de l’être tel qu’il se donne à voir et entendre dans le temps ou tel qu’il se grave dans nos mémoires, qui ne garderont de lui que cette infime parcelle de poésie ».
Thierry Machuel, Tours, mars 2021
Interprètes
Esther Labourdette, soprano
Antoine Moulin, clarinettes (mi b, ut, si b, basse)
Jean-Baptiste Apéré, dispositif électroacoustique
Programme
Vendredi
- L'Éternité - 18:00
- Thierry MACHUEL
- création
Samedi
- Lieder et mélodies - 18:00
- BERG / POULENC
- duo mezzo-soprano & piano